Le label électro Ed Banger Records a été fondé en 2003
par Pedro Winter, ancien manager de Daft Punk. Ce label phare de la French Touch
est surtout connu grâce au groupe Justice et au travail graphique de son
directeur artistique So-Me, qui signe pochettes de disques, posters et clips
vidéos.
Les créations entièrement dessinées à la main de So-Me se
caractérisent par leur côté flashy et cette sorte de vision transversale de la
culture populaire. Il recycle entre autres les personnages de cartoon, les
comics psychédéliques américains des années 60, les typos des groupes de heavy
metal (« headbangers ») et les graffitis du hip hop dans un mixage
très coloré.
Ce style naïf détonne dans le paysage graphique de la
musique électro française et prend le contrepied des images 3D minimales ou
hyper travaillées qui semblaient prépondérantes à l’époque.
Jusqu’en 2010, les visuels du graphiste français vont
déferler sur le monde entier, se décliner à travers une marque streetwear (Cool
Cats qui deviendra ensuite Club 75), se trouver au cœur de la hype et créer de
nombreux émules.
Le travail du collectif liègeois Party Harders se situe
exactement dans la même lignée. Créée en 2006, cette association de djs, de
dessinateurs et de graffeurs a évolué dans la même sphère qu’Ed Banger. Les
Party Harders organisérent d’innombrables soirées, annoncées par des affiches
et des flyers où se retrouvent des influences identiques, où l’accent est mis
sur des typos colorées entièrement dessinées à la main.
Il est intéressant d’établir un parallèle avec des
graffeurs tels que Bue The Warrior, Dubl Trubl ou Broken Fingaz Crew. De
grandes figures peintes dans un style figuratif souvent naïf se mélangent à des
typos dynamiques et déformées.
Seul le support semble changer, on passe du mur de
parking, d’usine abandonnée ou de HLM au papier et à l’affiche imprimée.
Une des origines de cet art populaire iconoclaste se
trouve indiscutablement dans les comics psychédéliques américains de la fin des
années 60, et notamment le plus emblématique d’entre eux, Zap Comix, créé à San
Francisco en 1968 par Robert Crumb. D’autres dessinateurs tels que Victor
Moscoso et Rick Griffin y passent du format de l’affiche psychédélique à celui
de la BD adulte.
Les Etats-Unis traversent alors
une intense période de contestation sociale, sur fond de guerre du Viêt-Nam.
C’est l’âge d’or des hippies et du « flower power ». A travers le
rock (Jimi Hendrickx, The Doors, Janis Joplin…), une sexualité libre, les
drogues et les spiritualités orientales, une partie de la jeunesse américaine
rejette les valeurs traditionnelles bourgeaoises et voudrait révolutionner la
société. Zap Comix cristallise ce climat et devient le creuset
d’expérimentations audacieuses. Les comics underground deviennent des
ambassadeurs d'une contre-culture dont l'esprit se perpétue encore aujourd’hui.So-Me
Party Harders : Farid Abdelli
Party Harders : 2 Shy
Broken Fingaz
Dubl Trubl
Bue The Warrior
Comics underground - Zap Comix
Victor Moscoso et Rick Griffin
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