mardi 15 mars 2016

El Guerrillero Rojo – Affiches de propagande communistes

Les affiches de la guerre civile espagnole (1936-1939)

En 1936 débute en Espagne une terrible guerre civile qui oppose les Républicains, politiquement situés à gauche et soutenus par l’Union Soviétique, aux nationalistes dirigés par le général Franco. Les Franquistes, épaulés par l ‘Allemagne nazie et l’Italie fasciste, remportent la victoire et engendrent une dictature qui se prolonge jusqu’à la mort de Franco en 1975.
En 1937, les avions allemands de la légion Condor au service de Franco bombardent la ville basque de Guernica. Horrifié par cette tragédie, le peintre Picasso réalise alors son tableau le plus célèbre.
Une des particularités de cette guerre est d’avoir donné naissance à d’innombrables affiches de propagande. Les Républicains en impriment des millions d’exemplaires. 
Ils ressentent dès l’origine du conflit l’importance vitale de communiquer et d’embrigader notamment par l’intermédiaire d’affiches remarquablerment efficaces. 
Le but de cette pédagogie directe est de soutenir le moral des masses populaires et les rallier à la cause du combat républicain, de souligner la cruauté et les dangers du fascisme, de mobiliser l’opinion internationale afin d’obtenir des secours des démocraties occidentales.
Le style de ces affiches immédiatement lisibles est nettement influencé par celui de Cassandre : de grandes aplats peints avec des effets de volume. Le texte en grandes lettres se réduit à des sigles des partis et à des slogans.
Le plus connu de ceux-ci demeure le fameux No Pasaran (Ils ne passeront pas).
La couleur rouge (un des symboles du socialisme et du communisme) domine.
Deux grands thèmes traversent les affiches de propagande républicaines : les objets et les corps.
Les objets, surtout des armes (fusils, canons, casques, baïonnettes pour évoquer la sauvagerie du corps-à-corps) prennent une valeur démesurée. A travers la rage de l’arme brandie s’exprime la rage du corps.
Celui-ci demeure anonyme car le combat collectif n’autorise pas de personnalisation.
Le corps est fort, viril, volontaire, aérodynamique (souvent représenté en contre-plongée). La carrure et le profil, géométriques, accentuent son aspect invulnérable.
Lorsque l’homme n’est pas représenté seul, ce sont des cohortes identiques qui répètent leur hargne guerrière.
Parfois, un membre laisse sa marque physique : un bras, une main, un poing, qui étreignent la surface et semblent happer le passant.
Le langage de la main est celui de la force, de la volonté et du travail. 
Car le soldat demeure un travailleur. 
Aujourd’hui les affiches républicaines n’ont rien perdu de leur force. Elles appartiennent à un système de représentation créé par une situation de crise. 
Leur violence témoigne de l’âpreté des combats qui les ont vu naître.
































Les affiches de propagande cubaines

La révolution cubaine débute en 1953 et se termine en 1959 par le renversement du président Batista. 
Le chef des rebelles, Fidel Castro, instaure une dictature communiste encore en vigueur aujourd’hui.
Durant les années 60 et 70, Cuba se définit comme une figure de proue des luttes de libération du Tiers-Monde, du combat anti-impérialiste et anti-capitaliste. Activement soutenue par l’Union Soviétique, l’île subit un embargo de la part des USA.
Les médias sont totalement contrôlés par le régime.
Paradoxalement, ce contexte donne naissance à un art de l’affiche extraordinairement créatif et coloré malgré des moyens rudimentaires et des techniques de reproduction limitées à la sérigraphie.
Les affichistes cubains (volontiers anonymes car ils participent à une lutte collective) s’ancrent totalement dans leur époque et brassent plusieurs influences aussi contrastées que cosmopolites : esthétique publicitaire américaine (Milton Glaser, Andy Warhol), pop art, psychédélisme, affiches de cinéma tchèques et polonaises des années 60, le tout adapté au service de la plus noble des causes : la Révolution. 
Toute forme de publicité capitaliste y étant formellement interdite, l’espace public cubain offre donc une visibilité maximale aux affiches de propagande. Celles-ci sont exploitées grâce à une stratégie subtile.
Le but de la propagande n’est pas de mettre en avant la personnalité de Fidel Castro. Les discours interminables de celui-ci sont déjà retransmis à la radio. 
Elle cherche plutôt à donner des messages éducatifs, à attribuer un caractère quasi divin à la Révolution, à exalter la lutte à travers la mise en avant de ses principaux héros, et surtout de Che Guevara. 
On observe alors que si Fidel Castro n’a pas créé de culte autour de sa propre personne, il en a érigé un autre, sur une personne depuis longtemps disparue mais qui a laissé une trace très forte dans l’esprit du peuple cubain Le culte se ne fait plus sur une personne vivant mais morte. Il devient alors inaltérable et renforce l’affirmation du régime, qui se construit sur des bases fortes.
Une autre caractéristique des affiches cubaines est de donner la place principale à l’image. Le texte y apparaît bref et efficace. Les signes visuels sont récurrents : héros révolutionnaires, fusil, machette, roue dentée, drapeau cubain (et drapeau US), maquisard vietnamien, enfant du Tiers Monde, carte d’Amérique latine… 

L’agressivité révolutionnaire s’ajoute à l’exubérance tropicale, soulignée par des couleurs vives et contrastées.






























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